Just bite it

Actualise qu'elle me dit la danseuse de tango. Actualise. C'est pas comme si c'était facile, il faut suivre un rythme, faire des choix, assieds-toi mon enfant, je vais t'expliquer.
Je ne sais pas si ça vient de mon p'tit être, ou de la ville. Moi-elle, elle-moi. Et je n'oserais pas me permettre d'en faire un "nous" pour tout justifier. Toujours est-il qu'ici je perds tout. Mon portable, mon chemin, comme toujours, mais aussi et surtout toute notion du temps. Voire toute conception de la notion. Full circle.
C'est pourtant pas ici qu'on est sensé se sentir le plus déphasé. Des repères, je le nierais pas, y en a partout. Ses enseignes on les connait, ses rues, ses taxis, ses lumières, on les as déjà vus dans un écran d'une taille ou d'une autre, tout serait familier. Même le vendeur de hot dog du coin de ma rue, il te dira forcément quelquechose. Le New Yorkais ressemble a Tout. C'est pas mes allures de new yorkaises qui font qu'on me demande son chemin dans la rue. L'autochtone est furtif et sans dégaine fixe. Peut-être le mimétisme le plus flagrant après mes deux mois ici se planquerait dans ma façon de marcher. Oui, c'est rapide, franc. Il faut aller de l'avant, au plus vite, gagner du temps. Enfin le rattraper, pour tout celui qu'on perd, dans le métro surtout. C'est qu'il est du genre hésitant l'engin, il change d'avis comme de ligne, il s'interpose dans ta routine, faudrait pas que ça soit si facile. Train Train, jamais.
Donc voila, actualiser oui, mais quelle actu ? J'en ai perdu le bout du fil, il y a des noeuds plein la bobine. Il faudrait alors faire des focus sur l'important, le plus grand, le plus haut, le plus fou. Mais l'important dépend des jours, dépend des gens. Et le fou est partout, je vous jure. Je vous en balancerais bien en vrac à tout va, plusieurs tournées mêmes. On passerait, que dis-je, sautillerait, et joyeusement, d'une soirée Halloween dans un ensemble de loft a Brooklyn avec performances et concerts dans chaque living room à une balade dominicale en bateau vers Staten Island en famille, ou des minutes sous les étoiles et sur les toits à contempler Manhattan la belle de nuit et ses phares, ou une soirée hype dans un grand hotel avec DJs, mannequins anorexiques, seaux a champagne et stars du ciné ...Et puis le MoMA, paf, dans ta gueule. Et la vue plongeante du haut du Rockfeller Center, repaf. Comme si de chaque fenêtre de chaque tour, il y avait quelqu'un de posté là, à l'affut, tout près à te lancer un seau d'eau fraîche dessus. Attention, pas de l'eau glacée mais juste à point, ce qu'il faut pour se sentir vivant.

Bref, voilà mon retard étalé dans tous les sens, et je vous fait de même des images.
Et peut-être d'un coup, si l'envie m'en prend l'air, je viendrais mettre de l'ordre dans tout ça. Mais c'est pas dans mes habitudes, et trop s'en occupent déjà pour que je m'en mèle. Mais si toi, tu t'emmèles trop, je ferai peut-être quelquechose. Mais viens voir ici si j'y suis encore[370 € l'aller retour ces temps ci les amis], et seulement après l'avoir croquée tu me diras si tu penses encore que j'aurais pu raconter autrement.